Histoires

Portrait : rencontre avec le freerider Kenny Thomas

Portrait : rencontre avec le freerider Kenny Thomas
À seulement 30 ans, Kenny Thomas s’est imposé comme une référence incontournable dans le monde du trial et du freestyle moto. Depuis son premier tour de piste à trois ans, il n’a jamais cessé de repousser ses limites, remportant deux titres de Champion de France, une médaille de bronze en Championnat du Monde, et enchaînant les records impressionnants. Sa carrière a explosé sur la scène médiatique internationale avec des participations à "La France a un Incroyable Talent", "America’s Got Talent" et bien d’autres shows à travers le monde. Dans cette interview, Kenny nous parle de son parcours, de ses projets et de sa collaboration avec Morex.

 

La naissance de la passion 

Tu as commencé la moto très jeune, à trois ans. Comment as-tu su aussi tôt que les sports mécaniques deviendraient ta passion ?
Pour être honnête, je ne m'en souviens pas vraiment. Je sais que j’avais 2 ans et demi, car j’ai revu des photos. Comme tous les gamins, dès que j'ai grimpé sur une moto, ça m’a tout de suite plu. Mon premier vrai souvenir, c’est à cinq ans quand j’ai reçu ma première moto de trial. Dès que je l’avais entre les mains, je demandais toujours à mon père d’aller rouler. C’était déjà un pur kiff, un sentiment de passion immédiat. Mais tu ne peux pas vraiment savoir à cet âge-là. C’est en grandissant que j’ai compris que c’était plus qu’un passe-temps. L’adolescence est un moment clé : soit tu continues malgré les contraintes, soit tu laisses tomber. C’est là que j’ai réalisé que c’était vraiment une passion, et j’ai su que j’étais prêt à en faire mon métier.

Tes parents t’ont-ils toujours soutenu dans cette passion ? Cela n’a pas été trop difficile pour ta maman, notamment ?
Mon père est un grand passionné de moto et ma mère a toujours évolué dans ce milieu, donc ils étaient déjà bien préparés. Ils étaient concessionnaires, alors la mécanique, ils connaissaient ! Mais évidemment, elle s’inquiète et je pense que mon père aussi, même s’il le montre moins. En réalité, je ne leur ai pas trop laissé le choix (rires). Ils m’ont suivi sur la plupart de mes compétitions et ont fait pas mal de sacrifices pour que je puisse arriver là où j’en suis aujourd’hui.

Peux-tu nous présenter la discipline que tu pratiques ?
Le trial freestyle, c’est un savant mélange de plusieurs disciplines : BMX, flat, freestyle motocross et trial, la discipline de base. On pioche aussi un peu dans le skateboard. On s'inspire de tout ça pour créer notre propre sport, avec notre touche unique. C’est un style qui a été inventé en 2006 par Julien Dupont. C’est lui qui a tout lancé. J’ai eu la chance de rouler avec lui à partir de 2014, et aujourd’hui, je suis fier d’avoir pris le relais.

*photos @donovanthomasths

Ton parcours est impressionnant. Comment décrirais-tu ta personnalité qui t’a poussé à repousser les limites dans tout ce que tu fais ?
Je dirais que c’est dû à mon hyperactivité. Enfant, j’étais intenable. Impossible de me faire rester assis sur une chaise ! Mes parents m’ont inscrit à pleins d’activités : judo, foot, etc. J’avais besoin de bouger tout le temps. Et même dans ma carrière, à un moment donné, je me suis senti limité dans les compétitions. Puis j’ai rencontré Julien et il m’a montré une nouvelle voie, plus libre. Aujourd’hui, c’est toujours cette recherche de liberté et le besoin de mouvement qui me définissent.

    Compétitions et premiers succès 

    Parmi tes victoires, il y a deux titres de Champion de France et une médaille de bronze en Championnat du Monde. Quels moments de cette période de compétition t’ont le plus marqué ?
    Il y en a eu plusieurs, mais le premier qui me vient en tête, c’est le championnat du monde au Japon, à Tokyo. C’était l’une des plus grosses compétitions, tout y est plus grand, le public est incroyable, on aurait dit un jeu vidéo, tout le monde criait à l’unisson. L’ambiance et le podium étaient dingues !
    Ensuite, ma victoire en République Tchèque lors du championnat du monde. C’était le 14 juillet, et on a chanté la Marseillaise pour la fête nationale française, un moment hyper fort.
    Et enfin, mon titre de Champion de France en 2011. C’était mon tout premier, et ça s’est joué à la dernière minute, un suspense insoutenable. Quand on m’a annoncé que j’avais gagné, j’ai ressenti une libération immense.

    En 2016, tu as participé à l’émission “La France a un incroyable talent” avec une prestation freestyle en trial. Qu’est-ce que cette expérience a changé pour toi ?
    Cette émission a marqué un tournant pour moi. À l’époque, j’étais encore à fond dans les compétitions, mais après la diffusion, tout a changé : mon planning de shows s’est rempli du jour au lendemain, sans site internet, sans promo, rien ! Jusque-là, les shows, c’était du bonus, un moyen de compléter mes revenus, mais grâce à l’émission, ils sont devenus ma priorité.

     Tu as ensuite enchaîné avec des émissions internationales comme “America’s Got Talent” et “Tu Si Que Vales” en Italie. Quelle leçon retiens-tu de ces passages à l’étranger ?

    Honnêtement, elles n’ont pas eu le même impact que “La France a un incroyable talent” sur ma carrière. C’est vraiment cette émission qui a changé les choses. Le buzz n’était même pas lié à ma victoire, mais à l’étonnement de voir une moto en show indoor. Cela dit, ces passages à l’international m’ont apporté une certaine crédibilité et m’ont permis d’enchaîner avec des émissions comme “Le plus grand cabaret du monde” de Patrick Sébastien.

    Ton record du monde de double backflip à moto lors d’un saut à l’élastique est impressionnant. Comment as-tu vécu ce moment ?
    C’était complètement dingue… et un peu inconscient, je dois l’avouer. Tout s’est décidé sur un coup de tête. Un pote m’a lancé l’idée de faire le saut à moto après l’avoir fait à pied, et j’ai répondu « pourquoi pas ». Quelques mois plus tard, on me rappelle : « Ok, c’est pour le 7 juin 2014. »

    On a improvisé tout ça, aucune protection, rien n’était vraiment prévu. À la dernière minute, on m’a même scotché les pieds à la moto parce que j’avais peur de la lâcher. Si c’était à refaire, je ne le referais pas. C’était trop dangereux, trop à l’arrache.
    Mais ça reste un moment marquant, car à cette époque, même avec mes titres en Championnat de France et au Mondial, les gens parlaient plus de ce saut à l’élastique que de mes podiums.

    Quelle a été ta plus grosse chute à moto ?

    J’en ai eu plusieurs, mais celle qui m’a le plus marqué n’a pas forcément été la plus spectaculaire. C’était un backflip sur une moto électrique il y a 5-6 ans, dans le Sud. Je n’ai pas bien tourné, mais heureusement, je ne me suis pas blessé.
    En revanche, ma plus grosse blessure, c’était lors d’une compétition en Bretagne. Mon genou droit est parti complètement à l’envers… Un souvenir qui me rappelle à quel point ce sport peut être impitoyable.


    Projets professionnels et personnels

      Aujourd’hui, qu’est-ce qui te motive le plus dans le freestyle comparé à la compétition ?
      Le principal changement, c’est que c’est devenu mon métier à plein temps. Cela fait maintenant 11 ans que je vis de ça. À ce jour, 90% de mes revenus proviennent des shows et 10% des sponsors.
      J’aimerais rééquilibrer un peu, tendre vers un 50/50. Moins de shows, plus de projets vidéo. C’est mon objectif, même si ce n’est pas simple à mettre en place.

       Ces dernières années, tu as réalisé des vidéos de trial freestyle dans des lieux insolites. Comment choisis-tu ces endroits, et qu’est-ce qui t’inspire ?

      En général, ce sont des opportunités qui se présentent. Par exemple, pour la Colombie, tout est parti d’une discussion un peu arrosée avec des potes à Hossegor qui allaient là-bas pour bosser. Je me suis décidé sur un coup de tête.
      Pour la Californie, c’était différent. C’était avec DHL, et là j’ai choisi le lieu moi-même. Pourquoi la Californie ? Parce que c’est le berceau du freestyle moto, de la bikelife, du skate… Toute la culture urbaine vient de là. Quand j’ai eu la chance d’y aller avec ma moto, c’était une évidence que ça se passe là-bas.

      Comment arrives-tu à gérer ta carrière internationale et ta vie personnelle ?
      Je pense m’en sortir pas trop mal ! Je bouge beaucoup les week-ends pour les shows, mais je fais en sorte de profiter à fond et de rentrer ensuite à la maison à Paris, avec l’impression d’avoir vécu un bon moment. Pour l’instant, je n’ai pas d’enfants, donc c’est plus facile. On verra comment ça évolue dans le futur.

      Quels sont tes prochains projets, que ce soit dans ta carrière ou dans ta vie personnelle ?
      J’ai envie de me tourner vers des projets vidéo, aller explorer des nouveaux lieux, capturer des moments uniques. J’ai un gros projet prévu début 2025 à Marseille. Ce sera une vidéo de trial freestyle dans les rues de la ville. On a déjà 50% du financement, il reste encore du boulot à faire.
      C’est un projet soutenu par GasGas, la marque de ma toute première moto à l’âge de 5 ans. C’est un peu un retour aux sources, c’est génial de rouler pour eux aujourd’hui.

       

      Collaboration avec Morex

        Pourquoi avoir choisi de devenir ambassadeur de Morex ?
        Ça s’est fait tout naturellement. J’ai commencé à discuter avec Kevin sur Instagram, j’ai vu ce que faisait Morex, et j’ai tout de suite accroché. Je suis ensuite venu à Rennes, j’ai rencontré Simon, et tout s’est aligné. On partage les mêmes valeurs, les mêmes envies.
        Je n’ai même pas eu besoin de réfléchir, devenir ambassadeur c’était une évidence. Ça regroupe tout ce que j’aime : le style street, la vibe surf et skate. On est sur la même longueur d’onde.

        *photos @donovanthomasths

        Qu’est-ce qui te plaît le plus dans cette marque ?
        C’est leur ouverture d’esprit et la liberté qu’ils mettent en avant. C’est super inspirant et ça me correspond à 100%. Avec Morex, il n’y a pas de limites. Que tu fasses du skate, du surf, de la moto, tu te sens toujours à ta place.

        Reading next

        Rencontre avec Philippe Verday, gagnant moto du Morex Custom Contest
        MOREX CUSTOM x LE GARAGE