
TATTOO
En Bretagne, entre les ruelles de Saint-Malo et le ressac de l'océan, Thomas Vincent donne vie à des œuvres saisissantes. Spécialiste du tatouage réaliste en noir et gris, il façonne avec patience et exigence des portraits et compositions empreints d'émotions. Artiste discret mais passionné, il partage aujourd'hui avec nous son parcours, son regard sur son métier et ses projets pour l'avenir.
InstagramSalut Thomas ! Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Hello, moi c’est Thomas Vincent, j’ai 30 ans, je suis artiste tatoueur depuis maintenant 8 ans sur Saint-Malo.
Plus jeune, tu rêvais de motocross ou de bande dessinée... Finalement, c’est le dessin qui t’a mené au tatouage. Tu peux nous raconter ce cheminement
Effectivement, quand j’étais petit, je faisais du motocross. J’ai commencé assez tôt, vers 7 ans. Mais à côté de ça, j’ai toujours été passionné par le dessin. Le truc, c’est que je l’associais à l’école, et comme je n’étais pas super à l’aise en classe (rires), j’avais du mal à me projeter là-dedans. Donc à l’époque, mon vrai rêve, c’était de devenir champion de motocross : c’était mon loisir et ma passion. D’une certaine manière, j’ai un peu vécu ce rêve, à un petit niveau certes, mais je l’ai vécu quand même.
En grandissant, je me suis tourné plus sérieusement vers le dessin. Je continuais la moto à côté, mais je dessinais tout le temps : en cours (malheureusement), chez moi, dès que j’avais un moment de libre. C’est en en parlant autour de moi, en disant que je voulais bosser dans le dessin, que ça m’a ouvert les portes du tatouage.

Aujourd'hui, ton style est très marqué par le réalisme. Qu’est-ce qui t’inspire au quotidien pour créer tes pièces ?
Oui, aujourd’hui je travaille uniquement en photoréalisme : je reproduis des photographies, des tableaux anciens, des peintures classiques… J’ai toujours trouvé ça intéressant et original de retranscrire l’art des grands maîtres sur la peau.
Je travaille surtout en noir et gris, dans des formats assez grands — je ne fais pas de petites pièces. J’aime composer à partir des histoires que les gens me racontent, y mettre de l’émotion. C’est aussi pour ça que j’adore tatouer des visages : il y a tout de suite quelque chose de fort qui passe, une vraie expression, un regard.
Sinon, j’utilise parfois un peu de couleur, mais dans des tons très doux, un peu passés, souvent dans les ocres, pour rappeler l’ambiance des vieilles peintures.

Ton travail est principalement en noir et gris. Est-ce un choix définitif ou aimerais-tu explorer davantage la couleur à l'avenir ?
Comme je le disais, je travaille surtout en noir et gris, mais j’aime de plus en plus intégrer des teintes couleur chair, un peu dans un style baroque — avec des tons marron, camel, ocre… Ce sont des couleurs qui me parlent, et je pense pouvoir dire qu’elles font aujourd’hui partie de mon identité artistique. C’est un univers que j’ai envie de creuser encore davantage.
En revanche, je n’irai jamais vers les couleurs très vives ou flashy, ce n’est pas du tout ce qui me ressemble.
Tu évoques souvent une recherche permanente de ton style personnel. Comment décrirais-tu ton évolution aujourd'hui ?
Oui, on est toujours dans une forme de recherche permanente, mais je pense que depuis un an et demi, deux ans, j’ai vraiment trouvé mon style. Ça s’est cristallisé après mes passages dans les Top 10 aux Mondiaux du Tatouage et les concours que j’ai remportés en Allemagne.
J’ai trouvé ma signature : de grandes zones de blanc, beaucoup de détails, des lignes marquées dans les visages pour accentuer les contrastes, et souvent des fonds gris bleuté qui permettent de faire ressortir les éléments principaux de la pièce.
C’est ce mélange-là qui définit aujourd’hui mon empreinte.
Peux-tu nous parler d’un tatouage ou d’un projet qui t’a particulièrement marqué récemment ?
Dernièrement, j’ai réalisé pas mal de grosses pièces, et honnêtement, c’est assez fatigant ! Mais s’il y en a une qui m’a vraiment marqué, c’est le bras de ma chérie, Alex. J’y ai reproduit une peinture de Caravage, c’était la première fois que je m’attaquais à un tableau classique en tatouage, et ça a super bien fonctionné. Le résultat a plu, et j’en suis fier.
Il y a aussi eu une jambe entière pour un client, avec l’archange Saint Michel en couleur, sur toute la longueur. Comme je trouve encore la couleur assez technique — alors que le noir et gris, aujourd’hui, je le maîtrise bien, presque naturellement — je dirais que ce qui me marque le plus maintenant, c’est quand j’arrive à sortir quelque chose de beau en couleur.
En parallèle du tatouage, tu pratiques aussi le dessin, la peinture, la sculpture… Est-ce important pour toi de garder ces formes d’expression en dehors de ton activité principale ?
Oui, clairement. Peindre, dessiner, sculpter… c’est essentiel pour moi. Ça me permet de garder une approche artistique en dehors du cadre pro, de continuer à me faire plaisir, à explorer.
Ce que j’essaie de faire au quotidien, c’est de ne pas trop cloisonner. Quand j’arrive au studio, je veux me sentir comme si j’étais chez moi, en train de peindre ou de dessiner, juste pour le plaisir. C’est important que le tatouage reste quelque chose que j’aime, pas juste un métier.
Et puis bien sûr, en dehors de tout ça, je passe du temps avec ma famille, mes enfants. C’est aussi essentiel. J’ai moins le temps aujourd’hui de peindre pour moi, alors j’essaie de retrouver ce plaisir directement dans mon travail de tatoueur.
Quels sont tes projets ou envies pour la suite ? Artistiquement, comment aimerais-tu évoluer dans les prochaines années ?
Mes projets sont assez simples : on ouvre un nouveau shop le 1er septembre 2025, toujours sous le nom La Folie Noire, mais cette fois à Saint-Malo ! Ce sera plus grand, avec le double de surface. On passe de 4 à 5 postes de tatoueurs, ce qui va nous permettre d’accueillir encore plus d’artistes du monde entier.
D’ailleurs, en ce moment même, on a un tatoueur polonais avec nous, l’un des meilleurs en couleur au monde, c’est fou de pouvoir collaborer avec des artistes comme lui. Grâce à la réputation qu’on s’est construite, on attire vraiment de très bons tatoueurs, et les clients nous suivent.
Côté conventions, je repartirai sur le Mondial du Tatouage, Gods of Ink, et les grandes dates en Allemagne, en Italie… Et aujourd’hui, j’ai aussi la chance d’être invité en tant que jury dans de grosses conventions, c’est une belle reconnaissance, et j’espère que ça continuera comme ça !

Tu es aussi venu plusieurs fois tatouer chez Morex Custom House, où tu connais bien Simon et Kevin. Peux-tu nous parler de cette connexion avec Morex ?
J’ai découvert Morex grâce à mon ami Kyllian Chastel, qui connaissait aussi Kevin et Simon. À l’époque, j’avais envoyé un message à Kevin pour lui proposer de venir tatouer chez eux. Je trouvais l’ambiance géniale, et ils n’avaient pas encore accueilli de tatoueurs. Il m’a répondu direct : “Carrément !”.
Quand je suis venu, j’ai tatoué Kyllian là-bas, puis on a passé la soirée tous ensemble — Kyllian, Kevin, Simon, et moi. Le courant est tout de suite passé, le feeling était top. On est devenus potes, on s’est revus plusieurs fois, on a refait des soirées chez Morex.
Et franchement, j’adore ce que représente Morex. C’est exactement mon univers : la moto, les sports mécaniques, l’esprit ride… J’ai la même vision qu’eux. Ce sont des gens passionnés, qui aiment aller au bout de leurs projets, se surpasser… Et ça, j’adore. Pourvu que ça continue, parce que ce sont vraiment des personnes que j’apprécie beaucoup.
Quel regard portes-tu sur ces sessions un peu spéciales hors studio, au cœur de l’univers Morex ?
Les sessions chez Morex, ça me rappelle un peu l’ambiance des conventions de tatouage. Après, c’est vrai que je ne fais pas de petites pièces, donc certaines personnes sont parfois un peu déçues de ne pas pouvoir se faire tatouer directement sur place, mes tatouages prennent souvent 4 à 5 heures, voire plus.
Mais j’aime bien l’idée d’une sorte d’expo vivante : je montre mon travail, je discute avec les gens, et ça crée un vrai moment d’échange.
Et puis, j’avoue que j’adore venir chez Morex. L’ambiance, la musique, l’énergie qu’il y a… c’est exactement ce que j’aime. Toute l’équipe est toujours hyper cool, je suis super bien accueilli à chaque fois. C’est vraiment la Morex family, et c’est génial de pouvoir bosser avec eux, surtout maintenant qu’on est devenus potes.
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